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Exotic ? Regarder l'Ailleurs en Suisse au siècle des Lumières

Exotic, palais rumine, lausanne

Les somptueuses salles d’expositions temporaires du palais de Rumine de Lausanne – bâtiment du XIXe siècle de style florentin abritant aujourd’hui trois musées d’histoire et de sciences et une bibliothèque – proposent au public, du 24 septembre 2020 au 28 février 2021, une exposition interdisciplinaire interrogeant la notion d’« exotique » tout comme la place de la Suisse dans l’histoire et dans le monde.

Pour plus d'informations, lisez notre article publié dans notre numéro 97

Informations pratiques :

Exotique? Regarder l’ailleurs en Suisse au siècle des Lumières
Du 24 septembre 2020 au 26 février 2021

Palais de la Rumine, Lausanne
http://www.palaisderumine.ch


Sélection d'œuvres présentées dans l'exposition et commentées par les conservateurs :

axe jade new caledonia kanak exotic

CI-DESSUS : Hache dite ostensoir gi okono ou n’bouet.
Nouvelle-Calédonie.
XVIIIe siècle.
Bois, tapa, fibre végétale, poils de roussette.
57 × 25 x 10 cm.
Probablement collectée durant l’expédition dirigée par Antoine Bruny d’Entrecasteaux, collection Delessert, don de 1824.
Musée cantonal d’Archéologie et d’Histoire, Lausanne, inv. MCAH 04547.

© Yves André.

Cette hache a été donnée au musée cantonal de Lausanne en 1824 par Jules Paul Benjamin Delessert (1773-1847), banquier parisien d’origine genevoise. Ce don est constitué d’un ensemble d’objets et de graines provenant essentiellement d’Océanie.

L’appellation commune de « Hache ostensoir » que les Européens donnèrent à ce type d’objet l’identifie à tort comme
un objet potentiellement tranchant et le compare à un artefact appartenant au rite liturgique catholique. À l’origine, par sa présence symbolique lors de cérémonies importantes (intronisation d’un chef, discours généalogique, alliance prestigieuse), cet artefact distinguait l’orateur, imposant une dimension scénique à la prise
de parole des élites kanaks. Ces phénomènes de traduction sont caractéristiques du discours exotisant analysé dans notre exposition.



tapa, taputa tahiti, d'entrecasteaux, exotic?

CI-DESSUS : Tapa dit « chasuble tiputa ».
Tahiti.
XVIIIe siècle.
Liber interne battu, pigments naturels.

154 × 87 cm.
Probablement collecté entre 1791 et 1794 durant l’expédition française dirigée par Antoine Bruny d’Entrecasteaux, collection Delessert, don de 1824.

Musée cantonal d’Archéologie et d’Histoire, Lausanne, inv. MCAH 04616.
© Nadine Jacquet.

Ce tapa tiputa a été donné comme la hache (CI-DESSUS) par Jules Paul Benjamin Delessert. Elle a été nommée par les Européens « chasuble », en raison de sa ressemblance avec le vêtement à double pan que revêt le prêtre pour la messe. Comme pour la hache, une comparaison formelle liée au catholicisme sert de point de référence pour décrire un objet qui n’appartient pas à cet univers, et dont les nouveaux propriétaires peinent à identifier la fonction. Le décor de fougère permet de dater la pièce de la première période de contact avec les Occidentaux. En effet, les Anglais arrivent en Polynésie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec toutes leurs commodités matérielles, parmi lesquelles des toiles indiennes. Il y aurait donc un effet d’appropriation d’une iconographie indienne, puis d’intégration au répertoire traditionnel tahitien.

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