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Scarifications : Miquel Barceló à Genève

Senufo Barbier Mueller

CI-DESSUS : Statue-pilon. Senufo, village de Lataha ; Côte d’Ivoire.
XIXe siècle.
Bois.
H. : 118 cm.

Anc. coll. Josef Mueller, acquis d’Emil Storrer en 1952.

Musée Barbier-Mueller, inv. 1006-1.
Photo © Musée Barbier-Mueller,
photo : Roger Asselberghs.


Depuis plusieurs années déjà, le musée Barbier-Mueller interroge les affinités entre la création occidentale contemporaine et les arts traditionnels d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, à travers des accrochages reposant sur l’idée d’un dialogue élaboré par un artiste de renom. Scarifications, l’exposition qui vient d’ouvrir à Genève le 11 octobre dernier, s’inscrit dans cette même mouvance et franchit un pas de plus en proposant une rencontre hautement significative entre l’univers de Miquel Barceló et les collections du musée. Si l’intérêt notoire du grand artiste de Felanitx (Majorque) pour l’Afrique, et particulièrement pour le Mali, où il a vécu et créé de nombreuses années, et les profonds liens d’amitié qui l’unissaient à Monique et Jean Paul Barbier-Mueller suffisent à justifier la pertinence du rapprochement proposé, force est de constater que la thématique de la scarification, choi- sie comme fil rouge, ajoute une consistance au pro- pos, digne d’être soulignée ! Les griffures, entailles, brûlures ou encore les décolorations qui animent la surface des œuvres de Barceló autant que celles des masques, statues, poteries et autres objets du musée — issus pour la plupart d’Afrique, avec, pour excep- tions, deux pièces d’Océanie, une amérindienne et une de Thaïlande — s’offrent au visiteur comme des manifestations d’un geste créateur au service d’un élan artistique tout autant que de l’expression de valeurs et de marques culturelles.


TROIS QUESTIONS À ANNE-JOËLLE NARDIN, DIRECTRICE DU MUSÉE BARBIER-MUELLER DE GENÈVE

Tribal Art magazine : Scarifications est la première exposition que vous présentez depuis votre nomination à la tête du musée en janvier 2023. Qu’est-ce que ce projet représente pour vous ?
Anne-Joëlle Nardin : C’est tout d’abord une chance inouïe, car le travail de Miquel Barceló me parle. Pouvoir faire dialoguer une sélection d’œuvres de ce grand artiste avec les objets du musée, qui me touchent aussi terriblement, a été un travail très enrichissant. Ensuite, comme Barceló le souligne dans le catalogue, cette exposition rend hommage à Monique et Jean Paul Barbier-Mueller, et souligne une longue amitié nourrie par une passion partagée pour l’Afrique et la création artistique sous toutes ses formes. J’espère que le public sera conquis par ce que nous proposons ! Pour ma part, j’en suis émue.


T.A.M. : Parmi les pièces Barbier-Mueller présentées pour l’occasion, les amateurs reconnaîtront certains fleurons incontournables des collections du musée. Quelle place avez- vous laissée à la découverte ?
A.J.N. : Nous avons eu à cœur de choisir parmi nos collections les œuvres qui entreraient le mieux en résonance avec les créations proposées par Miquel Barceló. La convergence formelle a été donc le principal critère de sélection. Cela dit, nous avons cherché aussi à nous faire plaisir en sortant de nos réserves des pièces aussi emblématiques que notre grande sculpture deble senufo (fig. 5), ainsi que des pièces moins vues du public, comme le petit masque-pendentif du Mississippi (fig. 2), ou encore les poteries du Burkina Faso et du Nigeria. Plus que des découvertes, ce que nous proposons au visiteur, ce sont donc des redécouvertes !


T.A.M. : Et pour vous au musée, cette nouvelle immersion dans vos collections vous a-t-elle permis de renouveler le regard sur les objets ?

A.J.N. : Absolument ! Ce projet a été l’occasion de faire un point sur ce que nous avions publié par le passé à propos de chacune des œuvres exposées. Puis à partir de ce travail de synthèse, nous nous sommes tournés à nouveau vers les divers spécialistes qui avaient signé ces textes pour leur demander de les mettre à jour d’après leurs recherches plus récentes. Nous leur avons aussi demandé d’examiner les objets suivant la thématique des scarifications au cœur de l’exposition. Cela nous a permis de revoir des noms vernaculaires et de mieux cerner certains contextes d’utilisation des pièces pour ne donner que deux exemples.




Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller
Du 12 octobre 2023 au 21 avril 2024
Musée Barbier-Mueller, Genève

Voir notre article dans le numéro 110 - Hiver 2023

Barbier Mueller Genève Barcelo

CI-DESSUS : Vue de l'exposition Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller. Photo © Luis Lourenço.

Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller

CI-DESSUS : Vue de Scarifications, dialogue entre la céramique de Miquel Barceló PSR (1998) et une statuette luluwa (RDC) des collections Barbier-Mueller.

Photo © Tribal Art magazine.

Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller

CI-DESSUS : Vue de Scarifications, dialogue entre la xylographie de Miquel Barceló Arthur Schopenhauer (2015), de la série « Lletraferits », et un masque-heaume de la région de la Benue (Nigeria) des collections Barbier-Mueller.

Photo © Tribal Art magazine.


Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller

CI-DESSUS : Vue de Scarifications, dialogue entre l’œuvre sur papier de Miquel Barceló Sin título (1999) et deux figurines dogon (Mali) des collections Barbier-Mueller.
Photo © Tribal Art magazine.


Scarifications, Miquel Barceló & le musée Barbier-Mueller

CI-DESSUS : Vue de Scarifications, dialogue entre l’œuvre sur papier de Miquel Barceló Masque Psoriasis (2000) et un masque pendentif de la culture du Mississippi (États-Unis) des collections Barbier-Mueller.
Photo © Tribal Art magazine.

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